À couper le souffle : Alexis Laipsker vous prive d’oxygène, mais pas de frissons !

Et si un livre pouvait réellement vous couper le souffle ?
Pas au sens figuré, non. Vraiment. Page après page, respiration après respiration. C’est le pari tenu par Alexis Laipsker dans son nouveau roman, À couper le souffle, publié chez Michel Lafon. Un thriller qui vous enferme autant que ses personnages, et ne vous laisse respirer qu’une fois la dernière page tournée … et encore.

Tout commence dans le noir. Une jeune femme, Emma, se réveille enfermée dans une boîte.
Autour d’elle : du silence, de l’angoisse, et une caméra. Elle comprend vite qu’elle a été enterrée vivante. Son ravisseur lui a laissé exactement dix-sept heures d’oxygène. Ni plus, ni moins.
Dix-sept heures pendant lesquelles son père, Victor Venturi, va devoir tout tenter pour la retrouver. Problème : Victor est suspendu. Il n’a plus sa plaque, plus son arme, plus d’autorité. Il lui reste seulement sa rage et une douleur de père.
Ses yeux s’embuèrent. L’écran tremblait dans sa main fébrile. Il affrontait son pire ennemi : le temps. Un adversaire que personne n’avait jamais réussi à vaincre.
A couper le souffle – Alexis laipsker – Michel Lafon
Pour l’aider dans cette course contre la montre, il fait appel à Olivia Montalvert, une psychocriminologue qu’on surnomme « Menthe à l’eau » pour son calme, sa méthode, sa douceur. Ensemble, ils vont plonger dans l’ombre d’un passé trouble, remuer la boue, défier la hiérarchie, et surtout affronter le compte à rebours le plus oppressant qui soit. Pendant ce temps, Emma, elle, attend, respire, panique. Chaque souffle l’approche un peu plus de la fin.

Le duo formé par Victor et Olivia est l’un des grands atouts du roman. Lui, c’est le flic cabossé, impulsif, rugueux, parfois brutal mais profondément humain.
Elle, c’est l’analyste posée, logique, presque chirurgicale, mais jamais froide. À eux deux, ils créent une tension électrique et une dynamique crédible. Ce n’est pas un duo caricatural comme on en croise souvent, mais une rencontre entre deux blessures, deux visions du monde, deux solitudes. Et ça fonctionne.
-C’est malin ! Je parlais de mon raisonnement, pas de ses actes. Cela dit, vouloir ingérer le corps de quelqu’un qu’on aime est une forme d’amour ultime…
A couper le souffle – Alexis laipsker – Michel Lafon
– Vous êtes sérieuse, là ?
-Très. C’est l’amour christique. Le sacrifice suprême. Dali voulait manger Gala. C’est une forme d’ eucharistie.
Ce qui marque surtout dans ce roman, c’est le rythme. Les chapitres sont courts, nerveux, souvent conclus par des rebondissements qui forcent à tourner la page. L’alternance des points de vue , entre l’enquête et la claustrophobie d’Emma , crée un effet de tension permanente. On vit l’étouffement avec elle. On compte les heures. On retient son souffle.
Alexis Laipsker soigne également la mise en scène. Chaque scène semble pensée pour être visuelle, presque cinématographique. On sent l’auteur à l’aise dans la construction de l’action, dans le cadrage des émotions, dans l’orchestration de l’urgence. Ce n’est pas un polar contemplatif. C’est un roman d’adrénaline qui ne laisse aucun répit.

Tout n’est pas parfait, mais c’est pas grave. Certains rebondissements sont un peu attendus. On devine parfois trop tôt où l’auteur veut nous emmener. Le personnage du ravisseur, central mais lointain, aurait peut-être mérité davantage de profondeur, une folie plus singulière, une motivation plus incarnée. Et la fin, bien qu’efficace, semble presque trop rapide après autant de tension accumulée. Comme si le livre, lui aussi, avait manqué d’air sur les dernières pages.
Mais je chatouille vraiment, pour trouver à redire. Ce livre est vraiment bon !
Trouant les ténèbres de la tombe où elle était maintenue captive, le visage de sa fille.
A couper le souffle – Alexis laipsker – Michel Lafon
Sans mouvement, sans vie.
Il la vit morte.
Soudain, elle ouvrit les yeux. Ils étaient emplis de terreur.
Elle se redressa brutalement et pris une interminable bouffée d’air.
Mais ces réserves ne gâchent pas l’expérience. Elles rappellent simplement que À couper le souffle est un roman de genre, pensé pour captiver plus que pour surprendre (quoi que) , pour faire vibrer plus que pour révolutionner. Et à ce jeu-là, Alexis Laipsker est diablement efficace.
Au final, ce livre se lit comme on court un sprint : sans pause, sans souffle, les nerfs à vif. Il parle autant de peur que d’amour, autant de mort que de survie. Et s’il vous prive un peu d’oxygène, il vous offre en échange un moment de lecture intense, viscéral, et percutant. Bref, un roman à lire d’une traite, en apnée… enfin, si vous osez !
Et vous, jusqu’où iriez-vous pour sauver ce que vous avez de plus cher ?