Les eaux assassines : un roman bouleversant sur la résilience et les tempêtes intérieures par Dominique van Cotthem
Résumé
Une rivière sort de son lit et envahit les villages des alentours. Trois femmes, avec charge d’âmes, ne peuvent évacuer. Heure par heure, les eaux montent. Au matin du deuxième jour, les eaux ont atteint les étages. Leïla, l’infirmière, mère d’un bébé, se retrouve doublement piégée, par l’inondation et par un mari violent. En épouse modèle, elle hésite à le quitter. Quand l’eau entre dans sa maison, ses incertitudes vont voler en éclats. Réjane, la dentellière, n’a pas pu déplacer sa vieille mère souffrant d’Alzheimer. À mesure que l’eau dévaste le rez-de-chaussée, un sombre passé refait surface et met en lumière un secret de famille qui va la changer à jamais. Paloma est bloquée chez elle avec son adolescente. Elle a des raisons de soupçonner son mari de parricide. L’inondation lui apportera-t-elle la réponse ? L’histoire de ces trois femmes se dévoile au rythme de la montée des eaux. Secret de famille, suspicion de meurtre, violence conjugale, chaque maison enferme sa part de romanesque.
La chronique
Dans Les eaux assassines, Dominique van Cotthem nous plonge dans une histoire empreinte de douleur, de résilience et d’humanité, inspirée par les inondations dévastatrices qui ont frappé l’est de la Belgique en 2021.
Chacun se souvient précisément de l’endroit où il se trouvait pendant ces inondations. Nous avons tous été, d’une manière ou d’une autre, touchés par ce drame. Certains bien moins que d’autres, certes, mais que ce soit par un mot, un geste, un don, une aide ponctuelle ou directement sur le terrain, nous avons tous, à notre échelle, contribué à faire face à cette tragédie.
À travers les voix de trois femmes, l’autrice nous livre un récit à la fois intime et universel, où l’eau devient un personnage à part entière, symbole des forces incontrôlables de la nature, mais aussi de celles qui déferlent en nous.
Leïla, jeune femme brisée par un mariage violent, se débat entre son rôle de mère et ses rêves enfouis d’une vie différente. À travers ses souvenirs et ses désillusions, elle réalise combien elle s’est oubliée, toujours dans l’attente que le bonheur vienne de l’extérieur.
Leïla est un personnage très bouleversant, coincée dans une vie qu’elle n’a pas choisie, mais qui, face à la montée des eaux, trouve la force de repenser son avenir.
Paloma, professeur mariée à un avocat, s’enferme dans un univers de consommation futile, cherchant désespérément à combler un vide intérieur.
Ses beaux-parents sont morts dans des circonstances troubles, et cette tragédie hante son mari autant qu’elle hante son propre quotidien. Son obsession pour l’apparence et le contrôle s’effrite à mesure que l’eau envahit son magnifique jardin, soulignant la fragilité des illusions qu’elle s’efforce de maintenir.
Réjane, quant à elle, se bat pour protéger sa mère, atteinte d’Alzheimer, et fait face à une solitude écrasante.
Le deuil de son fils et de son mari pèse lourdement sur elle, et sa décision de rester malgré l’imminence du danger en dit long sur son besoin de rester ancrée dans un passé qu’elle ne peut abandonner. C’est en essayant de sauver ce qui reste de ses souvenirs qu’elle découvrira un secret bouleversant, lié à sa propre naissance.
À travers ces trois destins, Dominique van Cotthem explore des thèmes profondément humains comme la violence conjugale, la maladie, les secrets de famille, et la perte. L’eau, omniprésente tout au long du roman, devient une métaphore puissante de l’imprévisibilité de la vie et de la façon dont chacun réagit face à l’adversité.
Dominique van Cotthem fait monter une tension subtile et délicate tout au long du récit, chaque paragraphe écrit comme une vague qui se prépare à déferler.
Très loin de simplement raconter une catastrophe naturelle, elle nous invite à une réflexion profonde sur la manière dont nous gérons nos propres catastrophes intérieures. Comment, face à l’inévitable, comment pouvons-nous trouver la force de continuer ? Que devons nous sauver quand tout est sur le point de disparaître ?
Le roman se distingue par sa construction habile, où les trois trajectoires, d’abord indépendantes, finissent par se rejoindre de manière inattendue. Le lien qui unit ces trois femmes n’est pas seulement le drame qu’elles traversent, mais aussi leur capacité à regarder au-delà du chaos, à leur résilience, à accepter le changement et à s’affranchir de ce qui les enfermait.
Les eaux assassines est un roman émouvant et poignant, qui résonne longtemps après la lecture. Un roman à l’image de l’autrice : touchant et inoubliable.
Un titre qui ne trompe pas ! Dominique van Cotthem a su toucher mon cœur de jeune papa avec une justesse désarmante. Ce roman, à coup sûr, trouvera un écho même dans les cœurs les plus endurcis, et y fera couler une larme, là où on ne l’attendait plus.
Plus qu’un hommage aux victimes des inondations, Dominique van Cotthem réalise une exploration des tourments intérieurs, de la force humaine et de l’espoir qui subsiste même dans les situations les plus désespérées.
Un livre à lire le cœur ouvert, où l’on se laisse emporter par les flots d’émotions qui nous submergent.
Un livre à mettre dans toutes les mains…surtout les vôtres !