Le retour de Saturne : Une introspection cosmique et féministe de Daphné Tamage
Le résumé
« Je vous prescris un mois sans hommes.
– Mais les hommes sont partout, docteur !
– Qu’importe la méthode, je m’en fiche. Barricadez-vous au monastère des Dominicaines cloîtrées de Lourdes, enfermezvous où vous voulez. Pas d’hommes, pas de flirts, pas de parties de jambes en l’air, rien. »
Voici Apolline partie à Conques, sous les glycines d’un village sacré et de son abbatiale. Pour la première fois, cette trentenaire dépendante du regard et des caresses des hommes doit s’imposer un sevrage éprouvant. Portée par la lumière des lieux, elle revisite sa carte amoureuse, pour détisser les fils de ses erreurs et de ses désirs.
Quête spirituelle, déambulation sur le chemin de l’amour, rencontre inattendue avec frère Charles, ce roman drôle et profondément original met en scène une femme d’aujourd’hui dans un décor immémorial. Il y a un désespoir léger qui nimbe la colline de Conques.
Est-ce si difficile d’être soi-même ?
La chronique
Dans Le retour de Saturne, Daphné Tamage nous plonge dans les tourments d’Apolline, une trentenaire citadine, en pleine crise existentielle.
Suite à une rupture douloureuse, son médecin fait un prescription précise : Pas de médicaments, pas de thérapie classique, mais un mois sans hommes. Un mois sans leur charme, leurs bras rassurants, ou leurs déboires émotionnels. Le genre de défi qu’Apolline, qui carbure à l’amour comme à l’essence, ne sait pas comment aborder. Direction Conques, un petit village perdu en Aveyron, où sa tante Suzanne possède une vieille maison décrépite. Et c’est parti pour une immersion dans la campagne… et dans sa propre psyché.
Apolline pensait pouvoir éviter les hommes pendant son exil forcé, mais dans sa tête, c’est tout le contraire : une vrai tempête de testostérone. Elle commence à revisiter les hommes de sa vie : Noah, son premier amour, Cyrille, celui qui lui a appris le plaisir, ou encore cet étrange « homme-hibou » plus âgé qu’elle. Le roman devient une sorte de déambulation dans son parcours amoureux, avec une pointe d’humour grinçant. Car si Apolline est en pleine quête de sens, elle ne manque pas de pimenter ses réflexions avec des comparaisons osées (oui, la longueur de pénis est aussi un critère de réflexion !…oups!
Mais ce n’est pas qu’une simple histoire de relations ratées. Au fil du roman et donc des jours au sein du récit, entre nettoyage de la maison et conversations avec Frère Charles, un moine rencontré à l’Abbatiale, Apolline se plonge dans une introspection plus profonde. Ce mois sans hommes devient un moment de questionnement global : que veut-elle vraiment dans la vie ? Est-elle capable de se réaliser sans l’amour des autres, et surtout sans la validation des hommes ?).
Le roman brille par son ambiguïté : est-ce une autobiographie déguisée ou une pure fiction ? (j’avoue m’y être un peu perdu au départ, découvrant l’autrice. Mais un roman n’est-il pas un peu autobiographique ?)
Les similitudes entre Apolline et l’autrice entretiennent le mystère, ajoutant une touche intrigante au récit.
Avec ce deuxième roman, dans une écriture tranchante et introspective, l’autrice maîtrise l’art de l’autodérision et n’a pas peur de s’aventurer sur des terrains sensibles. Son style à l’humour acéré lui va comme un gant, donnant ainsi à cet ouvrage un livre à la fois accessible et riche. L’autrice n’hésite pas à jouer avec les émotions de ses lecteurs, passant du rire à des moments plus touchants, et elle m’a eu.
Avec Le retour de Saturne, Daphné Tamage nous offre une réflexion percutante sur la dépendance émotionnelle aux hommes, tout en explorant des thèmes plus vastes comme la quête de soi, la liberté sexuelle et la spiritualité. Une lecture à la fois drôle, émotive et profondément introspective. Une chose est sûre : après avoir lu Le retour de Saturne, vous ne verrez plus les crises de la trentaine de la même façon !
Et vous, prêt pour votre retour de Saturne ?